Monsieur le Directeur Général, vous organisez la deuxième édition du Makeda Investment Brunch le 21 novembre 2024 à Douala. Quelle est la particularité de cette deuxième édition en termes de contenu ?
L’activité porte exclusivement sur l’assurance : comment est-ce que notre métier d’Asset Manager peut s’appliquer au niveau de l’assurance ? Le thème retenu c’est : « La gestion d’actifs en assurance vie et capitalisation ». Aujourd’hui, les acteurs d’assurances sont les plus gros gestionnaires d’actifs. Avant que l’Asset Manager n’arrive, c’était les assurances avec les contrats d’assurance-vie, l’épargne-retraite, l’épargne-éducation, la gestion des indemnités de fin de carrière, entre autres. L’objectif est de voir leurs pratiques et ce qu’elles proposent. Nous attendons à peu près une soixantaine de participants. A cette date, 32 personnes sont déjà inscrites.
Selon la nouvelle règlementation de la COSUMAF publié en mai 2023, votre capital social doit passer de 150 millions de F à 300 millions de F. Est-ce que vous vous êtes arrimé ?
Effectivement le capital social a augmenté. On l’a annoncé en avril. Avec la paperasse, on l’a finalisé en septembre dernier. Maintenant, pour la gestion d’actifs, on était à 500 millions de F en 2023. A date, nous avons quelques milliards de F que nous gérons.
En avril dernier, vous faisiez observer que Makeda Asset Management se positionne comme un fonds commun de placement avec un rendement de 4,94% et que l’objectif était de passer à 6% au plus tard à la fin d’année. Quel est le point ?
A date, nous sommes à 5,56%. C’est dire qu’aujourd’hui, on a quand même des souscripteurs qui nous font confiance et qui nous confient leurs fonds. Le taux de souscription a augmenté par rapport au début d’année. Le fonds est un peu plus dynamique. Petit à petit, le capital-confiance des souscripteurs augmente.
L’une des ambitions que vous n’avez de cesse de nourrir est de vous positionner dans le top 3 des sociétés de gestion d’actifs dans la sous-région CEMAC. Qu’est-ce qui est fait pour concrétiser cette ambition ?
Nous essayons de nous faire connaître un peu plus et d’être plus présent sur le marché. Nous essayons d’être présents lors des colloques et des conférences dans d’autres pays de la zone CEMAC. Question de marquer davantage notre présence sur le terrain, en accompagnant soit des confrères soit des associations, des écoles dans le cadre de leurs journées portes ouvertes sur les métiers. L’enjeu est de vulgariser davantage la gestion d’actifs en espérant qu’il y aura un engouement culturel qui permettra de booster la suscription au niveau de nos différents produits.
Justement, vous étiez récemment à Libreville à l’occasion d’une conférence publique organisée par la COSUMAF. Quelle est la moisson de ce déplacement ?
Nous sommes allés nous imprégner du règlement général qui a été signé en 2023 et qui fixe les règles de fonctionnement des acteurs du marché financier, en partenariat avec la Banque mondiale qui a permis de nous fixer clairement les idées, les nouveautés, les nouveaux acteurs et les actions à prendre dans le cadre de nos activités qui sont très sensibles. L’idée était d’avoir la vision claire de notre régulateur sur le marché.
D’autant plus que le thème portait sur la règlementation du marché financier et le développement des économies de la CEMAC…
Exactement, notre activité est encadrée. Que ce soit ce qu’on doit faire, ce qu’on ne doit pas faire et comment le faire. C’est ce qui a été relevé de manière brossée durant cette conférence. Makeda Asset Management en sort enrichi. Nous avons surtout posé beaucoup de questions pour se rassurer que les pratiques que nous mettons en en œuvre au niveau de notre société sont en droite ligne avec ce que le régulateur attend de nous. Nous sommes dans un processus d’amélioration de nos différentes activités.
En termes d’amélioration, l’entreprise travaille sur le développement des produits spécifiques innovants. Est-ce qu’on peut avoir une idée ?
Dans les valeurs de Makeda, l’innovation a une place prépondérante. Aujourd’hui, plusieurs investisseurs ont la possibilité de souscrire via WhatsApp. Nous avons créé un Chatbot qui permet justement aux investisseurs de faire des souscriptions par WhatsApp. On n’a pas encore fait une communication officielle. Ça s’appellera Sheba en référence à la reine de Saba sous d’autres cieux. Tout ce qu’on fait manuellement en termes de fiches de souscription et autres va maintenant se faire via WhatsApp. On s’est rendu compte qu’il y a plus de comptes WhatsApp que de comptes bancaires. Donc, on veut se rapprocher un peu plus de notre cible en lui facilitant la possibilité de faire des souscriptions et des transactions. Désormais, pour souscrire au fonds commun de placement, ça se fera à distance. On est allé plus loin en intégrant la partie numérique. Nous avons acquis des points marchands Orange Money et MTN Money. Même les paiements peuvent se faire à distance sans se déplacer pour aller à la banque faire des versements ou des virements. Au-delà de la dématérialisation des procédures, il y a une autre innovation, mais elle est encore en laboratoire.
Vous relevez que le marché est encore vierge. Quelles sont les opportunités que vous ciblez actuellement ?
Nous sommes là au cœur de la stratégie de l’entreprise. Face à la concurrence ce serait difficile de me prononcer. Toujours est-il qu’il y a une grosse part de marché à glaner, parce qu’il y a beaucoup de niches qu’on peut exploiter pour augmenter le montant de la gestion d’actifs au niveau de la sous-région.
Quel est votre regard panoramique sur l’environnement des marchés financiers ?
Aujourd’hui, il faut avoir davantage de personnes qui s’intéressent aux marchés financiers. On a bien constaté dans les autres zones monétaires qui ont des marchés financiers un peu plus dynamiques que le développement économique passe beaucoup plus par le marché financier. Et il serait de bon ton que les investisseurs et l’épargnant lambda s’intéressent à ce secteur en plein essor, afin de participer réellement au développement de nos économies locales. En tant qu’acteur, nous sommes en train de nous professionnaliser, de suivre la régulation pour éviter autant que faire se peut qu’il y ait des déperditions comme c’est le cas de certains acteurs qui ont fait du tort à plusieurs investisseurs. Nous en sommes conscients et c’est la raison pour laquelle nous sommes toujours aux conférences pour se faire accompagner par le régulateur dans la mise en œuvre et la mise en conformité, pour répondre favorablement à ce qui est attendu et garantir bien sûr cette épargne qui nous est confiée.
L’éducation est fondamentale dans ce domaine qui jusqu’à une période récente était élitiste…
C’est même notre champ de bataille. C’est la raison d’être de notre participation aux conférences et aux colloques. Nous essayons même d’être présent au niveau des écoles et de certaines universités. Si vous regardez par exemple cette année, la Semaine de l’investisseur se passe dans les universités. Que ce soit au Cameroun, au Congo ou en RCA, la COSUMAF a voulu être présente auprès des étudiants avec ce sujet. On comprend bien que ça commence à la base avant de se matérialiser dans la vie active, histoire de démystifier le concept.